L'histoire des plantes médicinales

  • Le 20/05/2022
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L'emploi des plantes médicinales remonte aux origines de l'humanité, et aujourd'hui encore, un médicament sur deux contient des extraits végétaux. Voici l'histoire de leur utilisation.

Phytotherapie plantes

 

 

HISTORIQUE DE LA PHYTOTHERAPIE ET DE L'AROMATHERAPIE

 

L'emploi des plantes médicinales remonte aux origines de l'humanité, et aujourd'hui encore, un médicament sur deux contient des extraits végétaux. Les plantes médicinales sont très valorisées dans toutes les traditions médicales. Leurs utilisations et leurs effets ont été minutieusement étudiés et documentés.

 

1ERE PERIODE : LES PLANTES MEDICINALES A LA PREHISTOIRE

 

Aux temps les plus reculés, les hommes se fiaient à leur instinct pour utiliser les végétaux à des fins thérapeutiques : applications de feuilles, mastication de fruits ou de racines, comportement comparable à celui des animaux qui préfèrent instinctivement les plantes qui leur sont bénéfiques et rejettent les plantes qui leur sont toxiques. Des fouilles dans une grotte en Irak, ont mis au jour la présence de plantes médicinales dans les sépultures, datant d'il y a 60 000 ans, à l'époque de l'homme de Neandertal : plantes diurétiques, stimulantes, énergétiques et astringentes. Ils utilisaient notamment le pollen du pavot : l'opium.

Opium

 

Il y a 35 000 ans, à l'époque de l'homme de Cro-Magnon, les premiers sorciers apaisaient notamment avec les plantes, les « démons » responsables des maladies. Les fouilles effectuées près des cavernes prouvent qu'ils cultivaient des plantes telles que la camomille, le chanvre, le lin, le mille-feuille, la valériane et le pavot. Le pavot, qui soulage les douleurs depuis plus de 5000 ans est la plante à l'origine de la morphine, utilisée aujourd'hui et qui n'a pu être détrôné par aucun autre produit de substitution.

 

2EME PERIODE : LES PLANTES MEDICINALES SOUS L'ANTIQUITE

 

Un corps émergeant de la glace, trouvé dans les Alpes en 1991 a été daté de 3300 ans avant J. - C. Les investigations montrèrent qu'il souffrait de parasitose et qu'il portait un collier de champignons séchés spécifiques qu'il transportait pour soigner sa parasitose. Il avait également de l'arthrose et aux mêmes endroits des tatouages dans lesquels étaient implantés des plantes curatives. Les hommes préhistoriques se soignaient effectivement avec des plantes il y a 5300 ans.

 

Les dessins et textes les plus anciens se rapportant à la pratique pharmaceutique, retrouvés sur des tableaux de glaise datant de 2600 ans avant J.- C., nous viennent de Babylone en Mésopotamie (plus ou moins l'actuel Irak) où déjà œuvraient des médecins qui étaient également des prêtres. Ils utilisaient des remèdes, des formules religieuses thérapeutiques et des méthodes psychosomatiques.

Tablette d argile

 

Imhotep, grand prêtre, architecte et médecin fut vénéré en Egypte comme dieu de la médecine. Les égyptiens utilisaient les plantes médicinales et ont laissé des papyrus sur ces sujets dont les connaissances médicales qu'ils contiennent remontent à l'époque de la construction des pyramides vers 2400 avant J. - C. Parmi ces papyrus, le papyrus Ebers (du nom de son acquéreur) découvert à Louxor, mesure 20m de long*30cm de hauteur et est daté de 1580 avant J. - C. Il présente plusieurs centaines de remèdes. Les égyptiens savaient préparer de l'essence de cèdre en brûlant ce bois dans un bol en argile sous des brins de laine suspendus qui s’imprégnaient de l'essence de cèdre que l'on pouvait recueillir ensuite en pressant la laine. Ils brûlaient des encens pour purifier les esprits lors des momifications. Ils utilisaient notamment le cèdre et la myrrhe pour l'embaumement. Le cèdre est un fixateur puissant et la myrrhe est antiseptique et antibactérienne. Cléopâtre abusait de l'huile de rose pour rendre Marc Antoine sensible à ses charmes. Les papyrus dont nous disposons aujourd'hui sont peu nombreux car ils se conservaient très mal. En revanche des centaines de tablettes d'argile sumériennes et akkadiennes sont conservées, rédigées entre le 1er et le 3ème millénaire avant notre ère.

Papyrus ebers

 

L'empereur Shennong, héros civilisateur de la mythologie chinoise et dont les dates sont inconnues, essayait chaque jour des plantes inconnues sur lui-même jusqu'à en tester plusieurs centaines. Il découvrit ainsi des plantes toxiques et en même temps les remèdes végétaux de ces poisons. Il découvrit aussi l'accoutumance et eu des notions de posologie. Ses connaissances furent retranscrites dans un traité sous la dynastie des Hans (-206 avant J. - C à 220 après J. - C), le Ben Cao Jing. Ce traité décrit des centaines de végétaux, mais aussi des animaux et minéraux, à des fins thérapeutique. Il fut constamment remis à jour et la version datant de 1590 comporte plus de 1000 plantes médicinales dont l'usage est minutieusement décrit.

Shennong

 

Le Classique de l'Interne, attribué au Mythique Empereur Jaune est l'ouvrage de base de la médecine traditionnelle chinoise. Sa datation est tout aussi vague que celle de l'empereur, peut-être entre 2697 et 2597 avant J. - C. La médecine traditionnelle chinoise, associant les médicaments à base de plantes et l'acupuncture (implantation de fines aiguilles sur des points précis pour libérer l'énergie), est toujours pratiquée aujourd'hui y comprit en occident. En 2000 avant J. -C., les chinois connaissaient la matière médicale (médicaments), les pilules et la pommade. Confucius (551-479 avant J.- C.), philosophe qui a marqué l'histoire de la Chine et à l'origine du confucianisme, préconisait l'utilisation de fumigations de plantes antiseptiques afin de prévenir des épidémies.

 

En Inde, la plupart des textes religieux anciens contiennent des prescriptions ainsi que des prières et des invocations adressées aux plantes elles-même. L'ayurvéda et l'homéopathie apparaissent en Inde 1500 ans avant J. - C (Hahnemann ne fera que redécouvrir l'homéopathie au XVIIIème siècle). En 800 avant J. - C, le texte Atharva Veda décrit la tradition ayurvédique indienne. Celle-ci se base sur 3 humeurs : air(vata), feu (pitta) et eau (kapha). Le médecin détermine l'humeur qui domine la constitution du patient et prescrit des plantes pour compenser les déficiences et les excès, ainsi qu'un régime alimentaire ou un jeûne, des exercices de respiration voir des pratiques spirituelles et éventuellement des exercices physiques. L'Atharva Veda fait également référence à de nombreuses plantes médicinales, le lieux où on les trouve, leurs vertus thérapeutiques et la façon dont on en fait des remèdes. Nombreux auteurs écrivirent sur l'ayurveda, notamment Susrutha (vers 700 à 350 avant J.- C.) qui décrit scrupuleusement les remèdes ainsi que la chirurgie malgré que cette dernière était critiquée à l'époque du Bouddha parce que considérée comme allant à l'encontre des principes de la non-violence (ahimsa). Au IIIème siècle avant J. - C, l'empereur bouddhiste Ashoka recensa de nombreuses plantes médicinales encore utilisées aujourd'hui.

 

Vers 1200 avant J. -C., le commerce avec les phéniciens permet de ramener des épices d'orient en occident.

 

Les médecins avait un prestige proche de celui du roi et parfois même il s'agissait de la même personne comme le roi Salomon (970 à 931 avant J. -C.).

 

Beaucoup d'aspects de la médecine égyptienne ont été repris par la médecine grecque. Le vénéré Imhotep a même été divinisé par les grecs sous le nom d'Asclépios (les romains l'appelleront Esculape). En 399 avant J. -C., le philosophe Socrate fut empoisonné. L'empoisonnement fut relaté par son disciple Platon dans le Phédon. A 70 ans, Socrate s'était attiré la haine en remettant en cause certaines traditions religieuses. Il était interdit d'enseigner. Il a été condamné par le tribunal à boire une plante mortelle, la ciguë.

Socrate

 

Hippocrate vivait en Grèce entre 460 et 377 avant J. - C. Il est souvent nommé le père de la médecine occidentale. Il dispensa l'enseignement de la médecine dans sa propre école, dans son île natale, Cos. Il a engagé la médecine dans une démarche rigoureuse et scientifique. Le Corpus hippocraticum publié 100 ans après sa mort recense 230 plantes actives. Sa méthode de traitement était globale. Outre les remèdes végétaux, il avait aussi recours aux régimes et à d'autres modifications du mode de vie. Il reconnaîssait les causes naturelles des maladies et sollicitait l'auto-guérison. Lors des épidémies, Hippocrate ordonnait de brûler des plantes aromatiques aux carrefours d'Athènes. On allait jusqu'à baigner des colombes dans des essences végétales avant de les lâcher en l'air afin qu'elles en répandent les bienfaits dans l'atmosphère. En outre, les parfumeurs étaient très répandus en Grèce. Natiolus écrivait que pour énumérer tous les remèdes à base de rose, on devrait remplir des volumes entiers !

Hippocrate

 

Théophraste (371 à 288 avant J.6 C.), philosophe et botaniste, élève d'Aristote, apporte une importance à l'observation et la description précise des plantes. Il décrit entre autre avec soin le processus de scarification des capsules du pavot pour extraire un suc qui durcit à l'air, l'opium.

 

Entre 200 et 52 avant J. -C. chez les gaulois, la médecine était la responsabilité des druides. Ils connaissaient les plantes médicinales. Leurs études pouvaient durer 20 ans ce qui démontre qu'ils étaient assez avancés en la matière. Il y a peu d'écrits sur les gaulois, les principaux étant ceux de Pline. Les gaulois confectionnaient des colliers en petits batonnet contenants des plantes médicinales ce qui en faisait une des premières forme de remèdes concentrés, compactes, permettant d'être transportés.

 

Le chamanisme existerait depuis la préhistoire et a traversé les cultures das divers région du monde (Scandinavie, Chine, Mongolie, Mexique...). Les chamanes jouaient le rôle de médecins. Ils soignent avec les rêves et les transes en atteignant des états de conscience modifiés afin de percevoir et d'interagir avec le monde des esprits. Ils utilisent des plantes aux pouvoirs magiques et des fumigations. Depuis la fin des années 70 en occident il y a un regain d'intérêt pour cette pratique que l'on comme aujourd'hui néo-chamanisme.

 

Les mayas utilisaient également les plantes médicinales (2600 avant J.- C. à 250 après J.- C.).

 

Beaucoup de médecins grecs furent employés par les romains ce qui répandit les plantes médicinales dans tout le monde antique. Ils utilisaient les huiles essentielles pour le plaisir de se parfumer, ainsi qu'en massage notamment après le bain et pour atténuer les douleurs. Dioscoride vécu entre 40 et 90 après J. - C. Il était le médecin des armées de l'empereur Néron. Dans son traité en 5 volumes « De materia medica », il écrivit la liste d'environ 800 remèdes dont plus ou moins 519 plantes, le reste étant des animaux et des minéraux. Il est considéré comme le père fondateur de la pharmacopée. Il préfère se baser sur son observation personnelle que sur la répétition. Son ouvrage est devenu une référence incontournable au fil des siècles.

Dioscorides01

 

Andromaque (50 à 68 après J.- C), médecin de Néron, inventa la Thériaque, un remède qui comprenait près de 100 drogues (dont la jusquiame et l'opium) censée guérir n'importe quelle maladie. Celui-ci fut utilisé pendant 19 siècles. Sa composition varia au fil des siècles jusqu'en 1884. Claude Galien (environ 137-199), médecin grec, fut employé à Rome au service des empereurs Marc Aurèle, Commode et Septime Sévère. Il développa les travaux de Dioscoride et la théorie des 4 humeurs élaborée par Hippocrate et basée sur les éléments feu, air, eau et terre auquel correspondent chaud, froid, sec et humide et auxquelles sont associées 4 humeurs, sang, flegme, bile jaune et atrabile ou bile noire, la santé étant l'équilibre parfait entre ces 4 humeurs et la maladie étant la rupture de ces 4 humeurs, que le traitement doit rétablir grâce à des plantes chaudes, froides, sèches ou humides. A l'instar des 4 éléments, des 4 qualités et des 4 humeurs, il y a le « degré » des plantes. Les plantes du 1er degré agissent obscurément, ce sont les plantes douces. Celles du 2nd degré agissent visiblement c'est à dire fortement. Celles du 3ème degré agissent violemment et celles du 4ème degré héroïquement, ces dernières étant des plantes toxiques. Les ouvrages de Galien deviennent des références. Sa doctrine (4 humeurs) marqua l'histoire de la médecine pendant des siècles jusqu'à la renaissance où Paracelse osa la contester brûlant les livres de Galien en place publique. Aujourd'hui on parle de « formule galénique » pour désigner la forme physique d'un médicament (sirop, comprimé, sachet...). A la chute de l'empire romain, les traditions médicinales de la Grèce antique furent préservées en Orient, et dans les abbayes européennes.

Galien

 

 

3EME PERIODE : EXTRACTION DES PLANTES

 

Au IXème siècle, apparaît pour la première fois la notion de l'appareil « ambiq » dans les manuscrits arabes.

 

Ibn Sina, philosophe et médecin perse, plus connu sous le nom d'Avicenne (980 à 1037), fut le plus grand médecin arabe du moyen-âge. Il fut le médecin de plusieurs califes. Il rédigea en perse, parmi plus de 200 ouvrages, le canon de la médecine, synthèse entre les traditions médicales d'orient et d'occident. Il rédigea notamment des instructions précises sur la distillation à la vapeur d'eau et avec des dessins d'appareils de distillation. Les européens découvrent ses écrits lors des croisades. Son ouvrage fut traduit en latin. Le travail d'Avicenne influence les pratiques médicales à travers le monde. C'est une étape importante dans l'histoire de l'aromathérapie.

Avicenne

 

Entre 1095 et 1291, lors des croisades, les occidentaux rapportent les « parfums d'Arabie » et le principe de la distillation à la vapeur d'eau. Les parfumeurs de Grasse commencent des expériences avec les plantes locales.

 

Du VIIIème au XIIème siècle, les abbayes présidèrent aux soins médicaux en Europe. Chaque abbaye avait un médecin, un apothicaire, et un lieu de soin, infirmerie ou hôpital. L'assistance était prêtée à tous les malades qui la demandaient. A partir du XIIème siècle, la médecine était enseignée dans les abbayes de France et d'autres pays européens. Les remèdes utilisés étaient principalement d'origine végétale et provenaient pour la plupart du jardin de l'abbaye. Charlemagne promulgua en 812 une loi qui imposa aux abbayes de cultiver 73 herbes, 16 arbres fruitiers, 3 plantes textiles et 2 plantes tinctoriales et de conserver les fruits dans des caves sèches. Hildegarde de Bingen (1098 à 1179) était une abbesse bénédictine allemande. Elle avait des visions de plantes qu'il fallait pour soigner les malades. Elle les soignait par la nourriture, les plantes, la musique, la contemplation et la prière. Elle considérait la personne dans sa globalité, corps et esprit. Elle rédigea deux herbiers. Elle révèle l'efficacité de l'arnica en thérapeutique. Son travail était dangereux pour une femme au moyen-âge et considéré comme l’œuvre du diable.

Hildegarde

 

Les femmes étaient exclues des écoles et des universités de médecine sauf de celle de Salerne en Italie qui était dirigée par une femme, Trotula de Salerne, qui était également médecin et chirurgienne. L'école de Salerne était la première école dans laquelle exerçaient une majorité de laïcs et non plus uniquement des ecclésiastiques. A la fin du moyen-âge, les abbayes perdirent progressivement l'enseignement médical au profit de la médecine académique, qui forma des médecins académiques appelés aussi physiciens.

 

Pendant ce temps, les aztèques ( 1200 à 1521 de notre ère) ainsi que les incas (1438 à 1533 de notre ère) savaient également utiliser les plantes médicinales.

 

En 1346, la peste noire décima plus d'un tiers de la population en Europe. La médecine de Galien avec la théorie des 4 humeurs commença dès lors à être considérée avec un scepticisme général.

 

En 1450, l'invention de l'imprimerie par Gutenberg favorisa la diffusion rapide des connaissances.

 

Paracelse (1493 à 1541), de son vrai nom Theophrastus Bombastus Von Hohenheim, était tout comme son père, médecin, alchimiste et enseignant. Passionné depuis son plus jeune âge, son père n'eut pas les moyens de lui financer des études c'est pourquoi il partit voyager au travers le monde pour développer ses connaissances en médecine. Il dit, « J'ai acquis mon savoir des meilleurs enseignants : l'expérience et le dur labeur », en opposition aux autres médecins qui apprenaient dans les livres. Passionné, il expérimentait jour et nuit, ne dormant que quelques heures, tout habillé. Il devint médecin municipal de la ville de Bâle (Suisse) et enseignant. Il récusa la théorie des 4 humeurs et développe des thèses à partir de la théorie des signatures, théorie selon laquelle les plantes, avec l'influence des étoiles ou de Dieu, par leur forme, leur couleur et d'autres caractères indiquent (ou signent) la nature des organes qu'elles sont aptes à soigner. Par exemple la forme de haricot prédispose à soigner les reins, celle de la noix à soigner le cerveau, ce qui peut prêter à sourire. Pourtant Paracelse y donna une grande notoriété. Elle reste une des théorie fondatrice de l'homéopathie moderne. Le colchique dont la forme évoque celle d'un orteil s'avère un excellent médicament contre cette maladie. Dans cette théorie, les semblables soignent les semblables contrairement aux affirmations de Gallien dont la théorie des humeurs voulait que l'on soigna par les contraires, par exemple une maladie chaude étant traitée par une plante froide. On retrouve la théorie des signatures dans des formes quasi-identiques dans la plupart des médecines traditionnelles du monde. Ces analogies se sont trouvées ultérieurement confirmées et ont été à l'origine de médicaments modernes. On a par exemple isolé récemment dans l'huile de noix des acides gras linoléniques nécessaires au fonctionnement du système nerveux et donc du cerveau. Tout récemment encore, l'utilisation des racines de ficaire sont utilisées pour le traitement des hémorroïdes et les racines de ficaire présentent des renflements analogues à des hémorroïdes. Les essais cliniques et pharmacologiques confirment cette signature. Les feuilles d’artichaut contiennent un pigment jaune qui traite a jaunisse et de ce fait le foie. La reine des prés qui pousse dans les prés humides et comme le saule, traite des maladies contractées lorsque l'on a les pieds mouillés, et ont donné le nom à 'aspirine, dérivée de spirée, reine des prés. La tisane d'écorce de saule soigne les articulations ankylosées et rhumatismales puisque les rameaux du saule sont souples (osier). C'est une autre signature du saule. L'ayurvéda utilise également la théorie des signatures. Il insiste aussi sur la notion de dose et l'on retient encore aujourd'hui son idée : « Tout remède est un poison, aucun n'en est exempt. Tout est question de dosage ». Paracelse réfutait totalement les théories d'Hippocrate, de Galien et d'Avicenne, les considérant comme fausses et provenant de répétitions d'un savoir livresque inexact et notamment au niveau de l'anatomie. Ses cours avaient un grand succès jusqu'à ce qu'il brûle les livres de ses prédécesseurs lors d'un grand feu de joie en public. Il fut alors interdit d'enseigner dans les universités. Il fut repoussé de villes en villes du fait de son agressivité verbale extrême et de provocations incessantes envers les autorités en place. Son absence de diplomatie faisait le vide autours de lui, si bien que la valeur incontestable de ses travaux ne fut reconnue que bien après sa mort. Il s'était attiré également l'hostilité des apothicaires. Ses ordonnances très brèves ne font rentrer que peu d'argent dans les caisses. Il dit « la responsabilité des médecins est de soigner les malades, pas d'enrichir les apothicaires ». Il refuse l'utilisation de la Thériaque, qui comprenait entre 50 et cents remèdes censée soigner toutes les maladies, un peu comme aujourd'hui les antibiotiques à large spectre. Cela provoque une résistance des micro-organismes pathogènes. Paracelse préfère ne donner qu'un seul remède pour une maladie. Il méprise également les saignées et les purges. Paracelse ne sera reconnu que 3 siècles plus tard. C'était un précurseur, il avait raison !

Paracelse

 

En Europe, la chasse aux sorcières poursuit, persécute et condamne les personnes accusées de sorcellerie. L'objectif était de protéger les intérêts des corporations médicales et de supprimer les pratiques populaires notamment celles qui utilisaient les plantes. Elle connaît son paroxysme de 1560 à 1630 jusqu'à sa remise en cause progressive. On estime à environ 70 000 le nombre de victimes exécutées dont 70% sont des femmes.

 

En 1611, l'eau de Mélisse des Carmes soignait plusieurs maladies notamment les migraines de Richelieu. Elles est toujours commercialisée aujourd'hui comme tonique et antispasmodique digestif.

 

Nicholas Culpeper (1616-1654), médecin et astrologue, traduit du latin à l'anglais la « pharmacopeia » permettant au grand public de se soigner par les plantes.

 

Pour prévenir des épidémies, on brûlait des plantes comme en 1665 lors de la grande peste de Londres où les gens brûlaient de la lavande, du cèdre et du cyprès dans les rues pour leurs propriétés désinfectantes, bactéricides et antivirales. On remarqua que lors des épidémies de peste des XVII et XVIIIème siècles en France, la plupart des ouvriers parfumeurs et des tanneurs ne furent pas atteints par ce fléau. On assista au même phénomène au siècle suivant lors d'une épidémie de choléra.

 

Les médecins, depuis Hippocrate, avaient recours presque systématiquement à la saignée et à la purge. Louis XIV (1638-1715) a été saigné près de 2000 fois et à été purgé plus de 1000 fois, avec des plantes. Il était purgé généralement suite à ses excès de table dont les repas comprenaient plus de 15 plats sans compter les déserts. Il prenait aussi un remède à base de thym et de girofle en application sur ses dents pour calmer ses rages de dents (à 47 ans il ne lui restait plus qu'une dent en haut, et celles d'en bas étaient toutes cariées). Le siècle de Louis XIV manifeste un intérêt pour l'urine et pour l'eau de 1000 fleurs résultant de la distillation de bouse de vache. Ces remèdes servaient à purifier le sang.

 

Au XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIV, les apothicaires sont les ancêtres des pharmaciens. Tous comme les médecins et les chirurgiens, ils se regroupent en corporations pour réglementer leur corps de métier. Chaque maître apothicaire est obligatoirement catholique et a droit a un apprenti, souvent son fils, qui est formé pendant une dizaine années.

Apothicaire 2

 

Ce n'est qu'à la fin du XVIIème siècle qu'apparaissent en France les premiers cours publics de pharmacie et de médecine dans des grands jardins des plantes (Montpellier, Paris). Les récoltes de plantes se font dans les jardins attenants à la maison de l’apothicaire jusqu'à ce que les apothicaires habitent de plus en plus en centre ville et soient obligés de faire appel à des marchands ambulants et des droguistes pour acquérir les pantes.

Apothicaire

 

Samuel Thompson (1769-1843) s'initie aux traditions amérindiennes en matière de plantes médicinales. Son ouvrage devient très populaire aux États-Unis.

 

4EME PERIODE : LA CHIMIE DES PLANTES

 

Samuel Hanhemann (1755-1843) redécouvre la théorie des signatures en l'appliquant à l'homéopathie. Il est le fondateur de l'homéopathie moderne. Il considérait la maladie comme un processus énergétique qui ne devait être soignée que par des traitements énergétiques. Il allait à contre-courant de l'époque qui s'efforçait d'expliquer les principes actifs. Il mit au point des directives très strictes pour la fabrication de ses remèdes.

 

La découverte du quinquina, dont l'écorce était à l'origine utilisée par les indiens d’Amérique fut attribuée aux jésuites en 1639 qui pendant longtemps refusaient de divulguer le nom de l'arbuste qui guérissait des fortes fièvre et du paludisme. Il guérit Louis XIV alors qu'il n'était encore que dauphin. Les anglais, touchés par une épidémie de paludisme en 1655 ne voulurent rien savoir de cette plante secrète pour ne pas « s'enjésuiter » et Cromwell en est mort en 1658. Les secrets du quinquina ne furent percés qu'au XIXème siècle. Cette période est aussi celle où débutent la recherche des principes actifs, substances chimiques responsables de l'action des remèdes végétaux. C'est das la recherche du principe actif que s'emploient les chimistes et les pharmaciens. Les molécules sont découvertes pour la plupart au XXème siècle. Deux pharmaciens de renom, Pelletier et Caventou percent le mystère de la couleur verte des feuilles en isolant un pigment vert qu'ils baptisent chlorophylle c'est à dire feuille verte en grec. En 1820, ils s'intéressent aux célèbres écorces de quinquina, très utilisées pour leur propriétés fébrifuges et antipaludiques, et en isolent la quiquine qui entame aussitôt une brillante carrière. La morphine est découverte au XIXème siècle et la chloroquine, antipaludique, au XXème siècle. Cette dernière fut très utilisée pendant la guerre de Corée. Elle était utilisée en préventif. Une armoise chinoise, l'artémisia annua, est à l'origine de médicaments antipaludiques et anti-fébrile encore plus efficaces que la quinine et qui occupent une place de plus en plus importante sur le marché mondial. Certains pharmaciens entreprirent de produire toutes ces substances en grandes quantités. Ils annoncèrent dès lors l'ère de l'industrie pharmaceutique.

Caventou pelletier jpg

 

Avec le développement des substances isolées, on ne s'intéressa au XIXème siècle quasiment plus qu'aux plantes médicinales très agissantes. A cette époque, les études pharmaceutiques ont lieu dans des collèges et universités. Parmentier (1737-1813) en était l'un des premiers professeurs en botanique et histoire naturelle des médicaments.

 

En 1928, René Gattefossé, un pharmacien français introduit le terme d'aromathérapie suite à un accident dans son laboratoire ou il s'est gravement brûlé la main lors de la fabrication d'un parfum. Il plongea alors la main dans le bol de liquide le plus proche qui contenait de l'huile de lavande pure. Sa main guérit très rapidement et presque sans séquelles. Il comprit alors que les vertus curatives des plantes étaient beaucoup plus grandes que celles des préparations qu'il travaillait.

 

Le Dr. Edward Bach, (1886-1936), médecin homéopathe anglais, tira de ses observations la conclusion qu'il faut traiter les causes émotionnelles avant de traiter les symptômes, car celle-ci sont à l'origine des maladies. Il élabora en Angleterre des remèdes appelés élixirs floraux ou fleurs de Bach. Il a répertorié 38 fleurs sauvages et fleurs d'arbres, qui chacune correspondent à un état d'esprit particulier, permettant de rétablir l'équilibre émotionnel. D'après sa conception, les maladies ne peuvent survenir que lorsque l'équilibre psychique est perturbé, provoquant ensuite une perte de l'énergie lui servant à combattre les influences extérieurs nocives qui facilite l'activité des germes.

 

Lors de la 2nde guerre mondiale, les médicaments étaient rares et Jean Valnet, un chirurgien français, reprit les recherches de Gattefossé et utilisa les huiles essentielles comme substitut. Celles-ci s'avéraient très efficaces pour leur action prophylactiques et régénératrices effectuées dans des conditions précaires. Cela contribua à faire accepter l'aromathérapie à la tradition médicale française. Au cours du XXème siècle, les livres et les publications scientifiques concernant les plantes médicinales sont innombrables. Il est impossible de citer les savants de ce siècle parce qu'ils sont nombreux et de plus en plus spécialisés dans une partie de leur discipline. Depuis quelques années, on assiste à un regain d'intérêt pour la phytothérapie et l'aromathérapie. En 2020 en France, il y avait 3604 producteurs de PPAM bios (Plantes à Parfums Aromatiques et Médicinales) sur 11 721 hectares cultivés, ces chiffres étant en augmentation. A ceux-là il faut ajouter les productions non bios. La France est leader sur l'huile essentielle de lavandin. Il existe également ne nombreux cueilleurs de plantes sauvages mais s'il n'ont pas de foncier, ils ne peuvent exercer que sous la statut de cotisant de solidarité et donc avoir un chiffre d'affaire limité. Avec l'apparition de la chimie, la médecine par les plantes se sépare en deux :

-la phytothérapie qui utilise la plante dans son ensemble sans dissocier les constituants chimiques. Elles peuvent être sous forme de poudre, de teintures, de teintures-mères homéopathiques, de macérats glycérinés, d'extraits liquides, d'extraits secs, de suspensions, d'huiles essentielles (aromathérapie)... ;

-la plante-matière première, qui sert pour la pharmacognosie en isolant les principes actifs. On les trouve sous la forme d'ampoules, de comprimés, de suppositoires, de sirops, de nébulisats, de lyophilisats, en chimiothérapie...

On assiste aussi depuis quelques années à d'autres approches, les fermentations, les cultures cellulaires et tissulaires.

 

CONCLUSION

 

Les plantes n'ont pas besoin de nous mais nous avons besoin d'elles pour respirer, nous nourrir et nous soigner. L'homme a toujours utilisé les plantes et les utilise encore aujourd'hui. Leur disparition entraînerait la nôtre dans les plus brefs délais c'est pourquoi nous devons en prendre soin.

 

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Svetlana Hoguet.

Naturopathe en formation.

 

 

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Mon programme d'accompagnement naturopathique :

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